Croire, non sentir

Je visitais un jour une femme qui était troublée par le sentiment de sa culpabilité devant Dieu. Voici l’entretien que nous eûmes ensemble et auquel j’ajouterai quelques réflexions.

« Certainement, me disait-elle, je crois tout ce que vous me dites ; oui, je crois chaque parole de la Bible, mais je ne sens pas que je suis sauvée, et je ne puis pas dire que je le suis avant d’en être sûre. »

— « Moi non plus, répondis-je ; je ne sens pas que je suis sauvé, quoique je sois sûr de l’être depuis longtemps ; et si vous continuez à attendre de vous sentir sauvée, vous attendrez toujours, car la Parole de Dieu ne parle jamais de se sentir sauvé.  »

— « Mais, Monsieur, l’Écriture dit que nous devons naître de nouveau, et sûrement je dois sentir ce grand changement survenu en moi. Vous ne voulez pas dire que je puisse être sauvée, et cependant rester misérable comme je le suis et effrayée à la pensée de me rencontrer avec Dieu ? »

— « Non, je ne veux rien dire de semblable ; car du moment que l’on est sauvé, il s’opère un changement immense : au lieu d’être un "enfant de colère," on devient "enfant de Dieu", mais Satan vous trompe en tâchant de vous persuader d’attendre jusqu’à ce que vous sentiez un changement. Pendant tout ce temps vous fermez l’oreille à la Parole de Dieu qui produit le changement, "car vous êtes sauvés par la grâce, par la foi" (Éphésiens 2:8). Or, "la foi est de ce que l’on entend, et ce que l’on entend parla parole de Dieu" (Romains 10 : 17). Supposez qu’en ce moment vous puissiez vous sentir heureuse et en paix, vous en concluriez que vous êtes sauvée parce que vous le sentez. Mais si demain vous ne vous sentiez pas heureuse, il vous faudrait conclure que vous n’étiez pas sauvée. Vous seriez donc sauvée un jour et pas le lendemain. Ne vaut-il pas mieux croire le témoignage que Dieu a donné de son Fils, et savoir ainsi que vous êtes passée de la mort à la vie (1 Jean 5:9-13), au lieu d’attendre un changement et de rester dans votre misère ? »

« Écoutez une comparaison qui vous fera peut-être comprendre ce que je veux dire. Je suppose que votre mari soit parti pour un lointain voyage, et que, restée seule avec vos petits enfants, vos ressources soient complètement épuisées. Vous vous lamentez sur votre triste position ; mais vos gémissements et le sentiment de votre misère n’y apportent aucun soulagement. Tout à coup, le facteur arriva, vous remet une lettre de votre mari et vous y trouvez un mandat sur la poste. Quel effet cela produit-il sur vous ? Continuez-vous à vous désoler ? Non, pleine de joie et le cœur léger, vous vous empressez d’aller chercher l’argent et de vous procurer tout ce qui est nécessaire pour vous et vos enfants. Quel changement ! Mais comment est-il survenu ? Justement par le moyen de la lettre. Vous l’avez lue, vous l’avez crue et le changement s’est opéré ; votre chagrin s’est envolé, avant même d’avoir reçu l’argent du mandat. »

« Eh Lien, chère amie, vous avez la lettre de Dieu, sa parole ; ne voulez-vous point l’écouter et être sauvée ? Vous avez péché, mais Dieu dit : "Jésus-Christ est venu dans le monde pour sauver les pécheurs" (1 Timothée 1:15). Jésus lui-même dit : "Celui qui entend ma parole et qui croit Celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle et ne vient pas en jugement, mais il est passé de la mort à la vie" (Jean 5:24). De plus, nous lisons : "Je vous ai écrit ces choses afin que vous sachiez que vous avez la vie éternelle, vous qui croyez au nom du Fils de Dieu" (1 Jean 5:13). Remarquez bien qu’il est dit sachiez et non "sentiez." »

« Pour en revenir à ma comparaison, l’argent était au bureau de poste, mais vous ne l’aviez pas entre les mains. Cependant, comme la lettre annonçait qu’il était là, pour vous, vous l’avez cru et cela vous a rendue heureuse. Vous saviez que cet argent vous appartenait, et c’est ce qui vous ôtait la tristesse ; mais vous ne diriez certainement pas que l’argent vous appartenait, parce que vous vous sentiez heureuse. De même ni vous ni moi n’avons senti que Christ est mort pour nos péchés ; mais moi je sais qu’il est mort pour mes péchés, et la même parole qui me le dit, m’assure aussi que je suis sauvé. Je crois la parole bénie de Dieu, et je me sens bienheureux, parce que je sais, par cette parole, que je suis sauvé. »

Cher lecteur, êtes-vous comme la personne avec laquelle je m’entretenais, et mettez-vous vos sentiments à la place de la foi ?

Peut-être, dites-vous aussi que vous croyez toute la Bible, mais que vous ne sentez pas que vous êtes sauvé. Laissez cela de côté et tournez vos regards vers Jésus. Dieu l’a fait asseoir sur son trône dans le ciel, parce qu’il a pleinement agréé son œuvre de rédemption ; or, si Dieu est satisfait de l’œuvre de Jésus, pourquoi ne le seriez-vous pas ?

Le salut est pour « celui qui ne fait pas des œuvres, mais qui croit en Celui qui justifie l’impie » (Romains 4:5). « Celui qui croit au Fils a la vie éternelle » (Jean 3:36). Puissiez-vous, avant d’avoir achevé de lire ces lignes, ajouter foi à la lettre que Dieu, dans son amour, nous a envoyée pour nous révéler ce que Jésus-Christ a fait pour des pécheurs. (Voyez Romains 5:8.) À l’instant où vous croyez Dieu sur sa parole, « vous êtes sauvé. » « Crois au Seigneur Jésus, et tu seras sauvé, » disait Paul au geôlier. (Actes 16:13.) Ce n’est pas un sentiment, c’est la foi. « Vous êtes sauvé par la grâce, par la foi. »

Le Salut de Dieu, 1875, p. 230