J’ai connu une fois un homme riche qui résolut de se faire bâtir une très grande et belle maison. Il acheta une pièce de terrain dans un beau quartier de la ville, et se donna beaucoup de peine pour que sa maison fût construite dans le meilleur goût. Il y avait plusieurs chambres spacieuses et de vastes salons. Elle était établie de manière à être chaude en hiver et fraîche en été. Aucune dépense ne fut épargnée pour la rendre aussi confortable que possible, à tous égards. Sans aucun doute, il s’attendait à jouir pendant plusieurs années de sa nouvelle et élégante demeure.
Tout en construisant cette grande maison pour lui et pour sa famille, il en faisait élever une autre. Il y avait une grande différence entre ces deux maisons ; car la seconde n’avait qu’une petite chambre pour toute la famille, et cette chambre était souterraine. Elle avait cependant de fortes murailles de marbre, mais pas de fenêtres et seulement une petite porte de fer. Ces deux maisons étaient pourtant pour les mêmes personnes. L’une était pour la famille vivante, l’autre pour la famille morte. Car la maison petite et basse était la voûte dans laquelle leurs corps devaient être placés, quand, l’un après l’autre, ils seraient retirés de cette vie.
La voûte fut bientôt terminée, elle fut prête longtemps avant la grande maison. Et dans laquelle des deux pensez-vous que le riche propriétaire alla d’abord habiter ? Quelque étrange que cela puisse paraître, il fut prêt pour la voûte, avant que la belle demeure fût prête pour lui ; et, bien des mois avant que les vastes salles de la maison neuve fussent habitables, son possesseur était couché dans l’étroit, sombre et froid appartement, qu’il ne quittera pas avant que la terre rende ses morts au dernier jour.
Ceci est un fait qui devrait attirer votre attention, cher lecteur. Bien des choses dans la vie peuvent sembler gaies et brillantes et promettre de grandes jouissances, en sorte que vous en oubliez la fin, ou que vous vous imaginez qu’elle est trop éloignée pour y penser. La maison des vivants est si grande et si belle, qu’elle éclipse à vos yeux la maison des morts. Mais souvenez-vous que, comme le personnage dont je vous ai parlé, vous pouvez être couché dans le tombeau avant que vous soyez entré dans les plaisirs de la vie que vous attendez. Le Sauveur dit : « Je suis la résurrection et la vie : celui qui croit en moi, encore qu’il soit mort, vivra ; et quiconque vit, et croit en moi, ne mourra jamais. »
Cela est vrai dans tous les sens. Le vrai croyant, dont les péchés sont pardonnés, et qui est accepté en Christ, a la promesse d’une maison qui n’est pas faite de mains, mais qui est éternelle ; non dans ce monde périssable, mais dans les cieux ; et le passage de cette vie-ci à celle-là n’est pas mourir, comme dit le monde, mais s’endormir sur la terre pour se réveiller auprès de Dieu.