«Guéris par sa meurtrissure»

Un pauvre homme se mourait à P. — Maintes fois le pasteur était venu le voir, avait lu près de lui les prières appropriées aux malades et aux mourants, et lui avait parlé de son état de péché. Mais le pasteur lui-même ne connaissait pas l’amour de Dieu pour les pécheurs, aussi tout ce qu’il pouvait dire ne faisait que rendre le pauvre homme plus misérable.

Un dimanche matin, le malade envoya son fils demander au pasteur de venir encore le voir après le service. « C’est bien inutile que j’y aille, » dit M. X., « mes visites ne semblent faire aucun bien à votre père. » — « Oh ! Monsieur, répondit l’enfant suppliant, venez, mon père m’a bien recommandé de ne pas revenir sans vous. » — « Eh bien, répliqua le pasteur, je prendrai mon sermon pour le lui lire, » et il suivit le jeune garçon.

Il trouva le malade dans une grande détresse d’âme. — « J’ai apporté mon sermon pour vous le lire, » dit le pasteur ; et il commença par le texte. C’était le beau verset 5 du 53e chapitre d’Ésaïe : « mais il a été blessé pour nos transgressions, il a été meurtri pour nos iniquités ; le châtiment de notre paix a été sur lui, et par ses meurtrissures nous sommes guéris. » — « Arrêtez, » s’écria le mourant, après avoir entendu ces paroles ; « répétez-moi cela, Monsieur le pasteur : "blessé pour nos transgressions," » continua-t-il, « alors II a été blessé pour les miennes ; oh ! je comprends maintenant !… Meurtri pour mes iniquités ! Pourquoi ne m’avez-vous pas dit cela plus tôt, Monsieur ? Mais grâce à Dieu, j’ai compris maintenant, je suis sauvé ! »

Cette même nuit, il s’endormit en paix, se reposant avec une pleine assurance sur l’œuvre de Christ.

Le jour suivant, le pasteur se rendit chez un ami et lui demanda ce que ce passage renfermait de plus que d’autres. — « Mais, » répondit son ami qui était un vrai croyant, « ce verset contient tout l’Évangile. Et maintenant, je vous en supplie, croyez-le. Pouvez-vous dire : II a été blessé pour mes transgressions ; il a été meurtri pour mes iniquités ? Jésus, le Fils de Dieu, a porté mes péchés en son corps sur le bois ? » (1 Pierre 2:24).

« Je vois, s’écria le pasteur, combien j’ai été aveugle jusqu’à présent. J’ai connu l’Écriture par l’intelligence, sans y croire de cœur. »

Le dimanche suivant, ses auditeurs furent frappés du sérieux et de la force de sa prédication ; ils le furent plus encore lorsqu’il leur confessa que jusqu’alors, il avait été un conducteur aveugle, mais que maintenant la grâce de Dieu avait lui dans son cœur, que toutes choses pour lui avaient été faites nouvelles dans le Christ Jésus, et qu’il les suppliait tous de se confier aussi en Lui comme en leur unique et parfait Sauveur.


O Jésus ! que ton nom pour une âme fidèle
Est grand et précieux !
Quel amour, quel bienfait, quelle grâce il rappelle ;
Quel salut glorieux !

Le Salut de Dieu, 1876, p. 65