Celui qui prononça ces paroles était dans les circonstances extérieures les plus misérables, mais ayant cru le témoignage que Dieu a rendu de son Fils, il était une preuve vivante que « le royaume de Dieu n’est pas manger et boire, mais justice et paix et joie dans l’Esprit Saint » (Romains 14:17).
En conduisant mes fils à leur collège, j’avais souvent remarqué un vieillard, bien digne de pitié suivant les apparences. Âgé de plus de soixante et dix ans, on le voyait agenouillé au bord de la route, s’appuyant d’une main sur un bâton pour soutenir son corps affaibli, et de l’autre, se servant d’un marteau pour casser des pierres. C’était à ce rude labeur qu’il gagnait le pain qui périt. Mes enfants, en passant et repassant chaque semaine, l’avaient souvent secouru dans ses besoins temporels, mais le jour dont je parle, celui qui semblait l’image même de la pauvreté, nous ouvrit à son tour des trésors plus précieux que l’or et l’argent.
M’étant approché de lui, je lui demandai :
— Mon ami, avez-vous jamais entendu parler du Seigneur Jésus-Christ qui est mort pour les pécheurs ?
Aussitôt, avec une figure rayonnante d’une joie céleste, il répondit :
— Oui, Monsieur, et je sais qu’il est mort pour moi.
— Eh bien, lui dis-je, vous êtes réellement riche : casseur de pierres aujourd’hui --- demain dans la gloire avec Christ.
— Oui, Monsieur, et cela pourrait arriver en un clin d’œil ; je puis dire avec Job : « J’attendrai donc tous les jours de mon combat jusqu’à ce qu’il m’arrive du changement » (Job 14:14). Mais Celui qui est mort pour moi a promis qu’il ne me laisserait ni ne m’abandonnerait jamais, et sa présence fait mon paradis.
À ces mots, le vieillard se remit à son travail. Nos cœurs étaient pleins, nous lui dîmes adieu, et le quittâmes avec le sentiment profond de cette grâce du Seigneur Jésus-Christ qui soutenait, dans tous ses besoins, ce pauvre vieillard, et faisait de ce qui ne semblait que misère, un paradis par Sa présence.
Quelques heures plus tard, me retrouvant près du vieux casseur de pierres, je lui dis combien j’avais été réjoui le matin, en découvrant notre parenté spirituelle pour la première fois, quoique nous nous fussions souvent vus pendant l’hiver.
De nouveau, semblable à un instrument dont on a touché la corde sensible, il dit :
— Oui, Monsieur, nous sommes des frères en Christ, et nous avons affaire avec un bon Père et un tendre Sauveur.
Dieu avait révélé son Fils au cœur de ce cher vieillard : Jésus était tout pour lui et l’eau qu’il lui avait donnée était en lui « une fontaine d’eau vive jaillissant en vie éternelle » (Jean 4:14). Il pouvait dire en vérité : « Ce que je vis maintenant dans la chair, je le vis dans la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et qui s’est livré lui-même pour moi » (Galates 2:20).
Cher lecteur encore inconverti, que pensez-vous du bonheur de ce pauvre vieillard ? Vous n’avez pas encore goûté à ces eaux vives qui remplissaient et rafraîchissaient son âme ; vous n’êtes pas encore de ceux qui attendent du ciel le Fils de Dieu, et jusqu’à ce que vous croyiez à son œuvre accomplie à sa première venue, vous ne pouvez avoir aucune joie à la pensée de son retour.
Mais aspirez-vous à goûter ce bonheur ? Votre cœur lassé soupire-t-il après ce que le monde n’a pu vous donner ? Oh ! sachez-le, Dieu discerne ce désir, si faible soit-il, de retourner à Lui, son Esprit lui-même l’a créé en vous. Écoutez cette bonne nouvelle de la grâce de Dieu, qui retentit encore aujourd’hui et s’adresse à vous : « Holà, vous tous qui êtes altérés, venez aux eaux » (Ésaïe 55:1). « Que celui qui veut prenne gratuitement de l’eau de la vie » (Apocalypse 22:17).
Alors, au milieu même des plus pénibles épreuves, vous ferez la bienheureuse expérience que « sa présence fait votre paradis. »
Le Salut de Dieu, 1875, p. 151