Dans un village du département du D., vivait une famille composée du père, de la mère et d’un jeune garçon. L’unique occupation des parents, la pensée constante de leur cœur, le seul souci de leur vie, était d’amasser de l’argent, afin de pouvoir se reposer et jouir ici-bas, quand leur fortune serait suffisante à leur gré. Leurs affaires d’ailleurs prospéraient d’une manière remarquable, de sorte que la mère disait un jour à une personne de sa connaissance : « Il ne nous manque plus grand-chose pour pouvoir nous retirer, et vivre tranquilles ensemble, le reste de nos jours. »
Hélas ! ils ne devaient pas les voir, ces jours de repos et de bonheur terrestre qu’ils avaient rêvés. Un jour ou deux après les paroles que nous avons rapportées, la mère tomba tout à coup gravement malade. Pendant que son mari était allé consulter le médecin, un ami chrétien vint voir la malade et voulut lui parler de son âme. Mais bien qu’elle eût une extrême frayeur de la mort, la pauvre femme, uniquement préoccupée de sa maladie, ne prêta nullement l’oreille aux paroles qui tendaient à diriger son attention vers le Seigneur Jésus, le Sauveur des pécheurs. Toute sa confiance était dans les soins et les remèdes du médecin qui, disait-elle, la soulageraient et la guériraient. L’ami chrétien se retira, le cœur rempli de tristesse, en voyant une âme sur le bord de l’éternité, perdue, et n’éprouvant pas même le désir d’être sauvée.
Le mari rentra, apportant une potion qu’avait ordonnée le médecin. Il se préparait à en verser dans un verre pour la faire prendre à la malade, lorsqu’il entendit un cri perçant. Il s’approcha du lit, la fiole à la main… Sa femme rendait le dernier soupir ; un instant après, son âme était entrée dans l’éternité.
Foudroyé par cette mort inattendue, le mari tomba malade à son tour. Il ne put même suivre au cimetière la dépouille mortelle de sa femme ; et, peu de jours après, il alla la rejoindre au lieu d’où l’on ne revient pas. Il mourut sans avoir donné le moindre signe qu’il possédât la vie que Dieu donne.
Le fils restait donc seul avec tous les biens que ses parents avaient acquis. Il se maria, et donna par contrat toute sa fortune à sa femme, s’il mourait avant elle. Quelques mois à peine s’étaient écoulés qu’une maladie de poitrine l’emportait. Ainsi toute cette famille, qui n’avait vécu absolument que pour la recherche et la jouissance des biens de la terre, avait disparu de la scène de ce monde.
On pensera peut-être que ces avertissements solennels durent parler au cœur de la jeune veuve. Hélas ! quand les jours de deuil extérieur que les convenances du monde exigent, furent écoulés, les richesses, les vanités et les plaisirs de la vie reprirent sur elle tout leur empire ; elle continua à vivre comme ceux qui l’avaient précédée.
Et vous, lecteur, qui poursuivez aussi avec ardeur les biens périssables, ce récit ne sera-t-il pas pour vous un sérieux et puissant appel ? Écoutez ce que disait une fois le Seigneur Jésus-Christ à ses auditeurs que préoccupaient aussi par-dessus tout les intérêts de la terre : « Les champs d’un homme riche avaient beaucoup rapporté ; et il raisonnait en lui-même, disant : Que ferai-je, car je n’ai pas où je puisse, assembler mes fruits ? Et il dit : Voici ce que je ferai : J’abattrai mes greniers et j’en bâtirai de plus grands, et j’y assemblerai tous mes produits et mes biens ; et je dirai à mon âme : Mon âme, tu as beaucoup de biens assemblés pour beaucoup d’années ; repose-toi, mange, bois, et fais grande chère. Mais Dieu lui dit : Insensé ! Cette nuit même ton âme te sera redemandée ; et ces choses que tu as préparées, à qui seront-elles ? Il en est ainsi de celui qui amasse des trésors pour lui-même et qui n’est pas riche quant à Dieu » (Luc 12:16-21).
Combien ils sont nombreux ceux qui, pendant toute leur vie, n’ont été occupés que de se bien établir sur la terre, et qui, tout à coup, sont surpris par la mort qui vient mettre fin à toutes leurs espérances ! Quelle perspective redoutable s’ouvre devant eux ! Il est réservé aux hommes de mourir une fois, nous dit la parole de Dieu (Hébreux 9:27) ; et après ?… Oh ! après… C’est cet avenir que l’âme inconvertie, qui n’est pas riche quant à Dieu, ne devrait envisager qu’en frissonnant. « Et après cela le jugement, » continue la même parole qui ne peut se tromper. Oui, le jugement de Dieu, du Dieu saint et juste, jugement sans appel, inexorable, qui a pour conséquence la condamnation éternelle, la seconde mort, l’étang brûlant de feu et de soufre : voilà le sort terrible de qui n’est pas sauvé.
Et qu’est-ce qui vous sépare de ce redoutable avenir, ô mon lecteur, si vous n’êtes pas un enfant de Dieu ? Tout ce qu’il y a de plus fragile, de plus incertain, de plus en dehors de votre pouvoir. Vous n’êtes suspendu sur l’abîme que par le fil de votre vie, qu’un rien peut briser au moment même où tout semble vous sourire. Et une fois passé hors de ces choses visibles et périssables auxquelles votre cœur s’attache, --- pensez-y bien, tout est irrévocable.
Oh ! je vous en supplie, au nom de votre bonheur éternel, ne restez pas un instant de plus dans l’indifférence ou l’incertitude sur un sujet d’une telle importance. Pensez au réveil qui suivra le moment où votre âme vous sera redemandée, si auparavant vous n’êtes pas sauvé, si vos péchés ne sont pas pardonnés, si vous n’avez pas encore cru au Seigneur Jésus-Christ pour avoir la vie éternelle.
Il est là, ce précieux Sauveur, prêt à vous recevoir, si, désespérant de vous-même, ne trouvant aucun moyen d’échapper au juste jugement de Dieu, vous venez à Lui. Lui-même vous appelle, en disant : « Venez à moi » (Matthieu 11:28). Pour vous encourager, Il vous montre la disposition pleine de tendresse de son cœur : « Je ne mettrai point dehors celui qui vient à moi » (Jean 6:37). À tous ceux qui ont soif de pardon, de paix, d’un repos et d’un bonheur permanents, qui soupirent après ce que le monde, malgré ses belles promesses, ne peut donner, à tous ceux-là, Jésus crie, dans sa grâce : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive. » C’est de Lui seul que coulent pour l’âme les fleuves d’une bénédiction éternelle. Oh ! ne vous laissez donc pas entraîner à la poursuite des biens trompeurs de cette terre, ne laissez pas votre âme se remplir de ce qui n’est qu’un vain songe. En Jésus, le Fils de Dieu, en Lui seul, se trouve la réalité ; Lui seul ne trompe pas ; Il donne la vie éternelle.
Que vous le sentiez ou non, cher lecteur, il y a une chose certaine : c’est qu’un lourd fardeau de péchés pèse sur vous, et vous entraîne dans l’abîme de la perdition. Apportez-le à Jésus, que ce fardeau vous abatte à ses pieds, et vous entendrez de sa bouche ces paroles bénies : « Tes péchés te sont pardonnés. » Sinon, sachez-le, quand le jour de grâce, qui est appelé « aujourd’hui, » et non demain, quand ce jour si fugitif aura pris fin pour vous, c’est le poids accablant de vos péchés, joint au mépris que vous aurez fait du nom de Jésus, qui vous plongera dans l’étang de feu et de soufre, « là où leur ver ne meurt point et où le feu ne s’éteint pas » (Marc 9:48).
Aujourd’hui donc, recevez le témoignage que Dieu a rendu au sujet de son Fils :
Celui qui croit au fils a la vie éternelle.
Le Salut de Dieu, 1877, p. 107