La grande question

Une pauvre vieille femme, qui avait atteint l’âge de soixante-dix ans sans avoir le moindre souci de son âme, fut conduite un jour à assister à une réunion familière où elle entendit parler de l’Évangile de la grâce de Dieu. Il plut au Seigneur d’ouvrir son cœur et de la rendre attentive à ce qui se disait. Elle comprit qu’elle était une pauvre pécheresse perdue, mais elle fut aussi amenée à croire en Jésus comme au Sauveur qui était mort pour qu’elle pût avoir la vie éternelle.

Cette révélation du Fils de Dieu à son âme la rendit si heureuse, que, partout où elle le pouvait, elle rendait témoignage à la grâce que le Seigneur lui avait accordée.

Étant entrée un matin dans une pharmacie pour y chercher quelque médicament, le jeune homme qui la servait lui dit d’un ton léger :

— Vous êtes bien âgée ; rien d’étonnant à ce que vous ne vous portiez pas bien. Vous ne pouvez pas espérer vivre toujours.

— Pardonnez-moi, répondit-elle avec vivacité, je sais que je vivrai toujours ; car, Dieu en soit loué, j’ai la vie éternelle.

Le jeune homme, surpris de cette réplique inattendue, la regarda plus attentivement, mais ne vit rien qu’une vieille femme faible et pauvrement vêtue.

— Vraiment, continua-t-il, et comment avez-vous fait pour vous la procurer ?

— Comment j’ai fait ? --- Jésus me l’a donnée. Il m’a fait entendre sa voix. J’étais perdue, et il m’a sauvée. --- Jeune homme, avez-vous la vie éternelle ? dit-elle en le regardant sérieusement en face. Vous êtes jeune et fort maintenant et moi je suis vieille, faible et chancelante, et cependant vous pouvez partir le premier. Que deviendrez-vous, si vous ne connaissez pas Jésus comme le Sauveur de votre âme ? »

II ne répondit pas à la question, et elle sortit.

Quelques semaines plus tard, ce jeune homme était enlevé de ce monde par un accident mortel. Avait-il reçu dans son cœur le message qui lui avait été adressé par la pauvre vieille femme, et put-il dire comme elle : « J’ai la vie éternelle, parce que Jésus-Christ m’a sauvé ? » Le Seigneur seul le sait. Quant à elle, son assurance n’était pas de la présomption, comme on le dit souvent, elle était fondée sur la parole de Dieu même : « Celui qui croit a la vie éternelle. »

Lecteur, jeune ou vieux, que répondrez-vous à la question que la vieille femme adressait à celui qui, peu après, quitta ce monde : « Avez-vous la vie éternelle ? »

Le Salut de Dieu, 1877, p. 125